Historique

L’histoire du château de Vaas, durant les premiers siècles de son existence, est liée à celle du bourg de Granges. Vers l’an 1000, apparaît une première famille comtale : les nobles de Granges. Puis, connus à Granges dès 1173, les sires de Corbières rappellent leur passage dans la châtellenie de Granges par les noms qu’ils ont laissé à l’alpage de Corbyre et au parchet de vigne du Creux de Corbyre, à Valençon. D’autres familles nobles font leur apparition à Granges, les de Montjovet dont le souvenir demeure avec le parchet de vigne, dit de Montjovet (Monzuettes), situé entre la gare de Granges et Ollon. Les Albi, les d’Anniviers, les de Morestel, les Tavelli marquent aussi la châtellenie de Granges de leur empreinte. 

Très vite, les Seigneurs de Granges manifestent le désir de posséder un habitat sur les flancs du mont de Lens, car, « quand le Rhône est haut, le village de Granges est dans une île qui le rend fort malsain » écrit le Doyen Bridel. En effet, au cours des siècles, le Rhône a divagué dans toute la plaine et le bourg de Granges était, plusieurs mois par année, entouré des bras du fleuve ou de marécages qui rendaient son accès difficile. Ainsi, les Seigneurs de Granges ont construit une résidence d’été à Vaas. En février 1532, elle est mentionnée comme maison de Pierre Luyter. Mathieu Luyter la transforma en 1575 et, l’année suivante, fit décorer les façades de scènes de chasse et de travaux champêtres.

Cet édifice aurait servi de débit de vin aux usagers du chemin royal , à en juger par les cinq belles caves voûtées et par l’inscription sur la façade sud : « Qui ne aura d’or, ni d’argen, ni crédit, ni abit de lanne, qu’il hale boiere à la fontanne. »

En effet, à cette époque, la principale voie de communication dans la vallée du Rhône était le chemin royal. Entre St-Léonard et Granges, ce chemin évitait une plaine marécageuse et livrée aux caprices du Rhône. De St-Léonard, il s’élevait sur Orgeval, passait devant le manoir de Vaas, descendait vers St-Clément, traversait la vigne de l’Evêque, appelée la Mouchignourdaz et descendait sur Prafalcon où se trouvait la station de péages sur les chevaux et les diverses marchandises. 

Régulièrement, les voyageurs, seigneurs et valets, soldats et marchands, vagabonds et coquins cheminaient sur cette voie. Aux gens fortunés, le château de Vaas offrait une halte hospitalière où les crus du terroir, le neyrun (rouge du pays ou cornalin), l’humagny (humagne) et le regy (rèze) étaient appréciés. Quant aux personnes désargentées, l’eau de la fontaine leur était réservée. 

Vers les années 1600, Antoine Gillioz tenait en fief le domaine manoir de Vaas des seigneurs Tavelli de Granges. Il  fit aménager la plus haute salle dont une poutre porte ces mots « Hoc opus curavit fieri N.V. Antonius Zillioz olim casn, et métral in Lens Anno DNI 1615 ».

Depuis 1620, on ne connaît guère les propriétaires de ce château, si ce n’est le châtelain Lamon au 18ème siècle. Vers les années 1900, quatre familles possèdent et occupent cet édifice : François Nanchen de Théodore, Charles Bonvin de Jean, Michel Mudry d’Augustin et l’hoirie de Grégoire Bonvin. 

En 1973, le château de Vaas est devenu propriété de la commune de Lens.

Gérard Rey